PANSKOPOS – installation vidéo pour 7 écrans, objets et photographies
Présentation de l'oeuvre
Panskopos est un mot grec voulant dire « voyant tout, omniprésent ». C'est le fait de voir, et d'être présent en tous lieux à la fois. Ce mot est formé du mot Pan (tout) et du verbe skopein (observer).
Panskopos est une installation de 7 écrans (7 vidéos différentes), de deux photographies et d'objets, complétée d'une création musicale originale, qui vient englober l'ensemble. Panskopos donne à voir, de manière simple et fragmentaire, un ensemble d'images, de cadres fixes ou en mouvement, qui renvoient chacun à un corpus d'idées. Ceux-ci sont traités en vidéo, en photo ou par l'entremise d'objets spécifiquement choisis. Malléabilité de la matière, phénomènes lumineux inexpliqués, actions de recherche, vues fragmentaires d'espaces, architecture sans âge, actions devenant parfois absurdes par leur répétition, illusions, déformations, projections, hors champ mystérieux, visages approfondis dans la contemplation, lieux de recherche, de ruine, de mémoire, de miracle ou de passage... En somme, l'oeuvre interroge la nature ambivalente de la réalité, où la conscience de tout observateur ne semble pas être séparable du monde qui l'entoure. La conscience n'étant – peut-être – pas un épiphénomène du monde physique, elle peut en être la source d'information et de production...
L'installation se propose d'être une oeuvre aux multiples visages et invite le spectateur à la libre réflexion, les images ou les objets n'étant, au fond, que les indices d'une intention plus générale. Si récit il y a, il se trouve éclaté, spatialisé par la diversité et la multiplicité des visuels. Le montage et les raccords, au sens habituel, se font par la propre observation du spectateur, qui opère lui-même ainsi les liaisons, d'une vidéo, d'un objet ou d'une photographie à l'autre.
Ainsi, par sa poétique, Panskopos pose la question du voir et de l'observer. La lumière y joue aussi un rôle primordial : « la lumière, c'est voir » selon Jung. La lumière, la sphère lumineuse semble être l'expression de l'UN, la totalité, c'est à dire aussi l'Âme (cf C. G. Jung « Un mythe moderne »). Cependant, qui ou quoi observe qui ? qui voit quoi ? qu'est-ce qui est vu ? Une mise en abîme de l'observé / observateur architecture l'ensemble de l'oeuvre.
Ces questionnements sur le voir qui habite Panskopos prennent tout leur sens dans la société de contrôle qui est la nôtre, mais aussi dans le contexte actuel d'une nouvelle conception de la réalité par les champs d'étude de la physique moderne (nous songeons particulièrement aux travaux sur le Temps du physicien Philippe Guillemant, où celui-ci montre l'intime relation qui noue la physique à la conscience : il faut une énergie primordiale – un champ d'informations – en dehors de notre espace-temps pour que notre monde soit ce qu'il est). Ainsi l'oeuvre Panskopos s'inscrit dans une démarche et une approche métaphysique d'analyse du monde où le regard est à la fois l'expression d'un cadre, c'est à dire d'une conscience, mais aussi, par cette même conscience qu'il reflète, prolonge et nourrit, un transmetteur d'informations qui induit le réel, et qui, conjointement et paradoxalement, peut produire de l'illusion. Le réel n'est-il pas un spectacle qui se doit d'être compréhensible à notre conscience, si ce n'est pas elle qui le met en scène ?
Mais quel est aussi ce regard, ce « Pan-Tout » qui observe, dans Panskospos ? A quoi rattacher cet autre regard observant, supra-humain, hors de la Terre comme l'exprimerait Teilhard de Chardin ? Qu'est-ce que voir, qu'est-ce qu'observer si ce n'est créer ?
Pouvons-nous nous approprier le passé et l'avenir, si ceux-ci ne sont rien d'autre qu'un présent déplacé vis à vis de nous, ou d'autres dimensions répondant d'une certaine ubiquité de l'inconscient collectif, celui-ci se définit en dehors de la notion « Temps » ?
La bande sonore composée par Pierre Desprat, parfois ponctuée de citations (Anton Bruckner notamment) ne se trouve jamais à la même place vis à vis des images. En effet, les boucles des vidéos, par leur durées différentes, se décalent sans cesse vis à vis du son. Ce dernier agit donc comme un créateur perpétuel de sens, un metteur en scène constamment différent.
Quelques images...
Fatima ou le Miracle du Soleil – Portugal, 1917. Photographie ancienne numérisée.
Objets installés : chapiteau en bronze, craie, clou, pointe Levallois du Moustérien, bille.
Anton Bruckner en 1894. Photographie ancienne numérisée.
Réveil, circa 1920.
Panskopos (bande-annonce) from Benjamin GIRARD on Vimeo.